Avec les développements importants et continus de la science et de la technologie, les domaines traditionnels du génie se sont largement développés et de nouveaux domaines ont été crées, souvent à l'interface de plusieurs domaines existants. Ce phénomène, combiné à des préoccupations grandissantes par rapport à la santé humaine et à l'environnement, a mené notamment à l'apparition du génie de l'environnement, une discipline du génie qui est maintenant reconnue comme telle au Canada et aux États-Unis. Rappelons que beaucoup de programmes de génie de l'environnement ont vu le jour dans des départements de génie civil, sans en être la seule source puisqu'il s'agit d'une discipline multisectorielle.
La discipline du génie des eaux est à l'intersection des domaines couverts par le génie et par les professions de l'environnement. Le génie des eaux poursuit le même objectif global que le génie de l'environnement, à savoir protéger la santé, la sécurité et le bien-être du public tout en protégeant et en préservant l'environnement. La particularité du génie des eaux est d'avoir une orientation marquée vers la gestion intégrée et durable de l'eau et donc d'avoir une finalité bien définie, une qualité qui, selon certains, manque dans les formations en génie de l'environnement. Le génie des eaux est basé sur différentes disciplines du génie, à savoir le génie civil et le génie géologique et, dans une moindre mesure, le génie rural et le génie chimique. Le génie des eaux fait aussi appel aux sciences pures, à savoir la chimie, l'écologie, la biologie et la microbiologie.
Les ingénieurs des eaux participent activement à la gestion intégrée des ressources en eau, et ce dans une double perspective de protection de la santé, de la sécurité et du bien-être du public, et de protection et de préservation de l'environnement. Plus spécifiquement, les ingénieurs des eaux travaillent à la protection, à la réhabilitation, à l'exploitation et à la gestion des ressources en eau et du milieu aquatique à court terme et à long terme, et à différentes échelles temporelles et spatiales. Les ingénieurs des eaux sont aptes à travailler en étroite collaboration avec différents spécialistes. Ils sont conscients des enjeux sociaux et économiques sous-jacents aux problèmes de gestion de l'eau et de l'environnement.
Les ingénieurs des eaux se distinguent des autres intervenants dans le domaine de l'eau dans la mesure où, comme les autres ingénieurs, ils agissent avant tout au niveau de la conception, de la construction et de l'implantation d'ouvrages, de systèmes ou d'équipements. Ils se distinguent aussi par leurs connaissances et leurs compétences intégrées tant du point de vue de la qualité de l'eau que de sa disponibilité.
Des exemples de problèmes très diversifiés qui requièrent l'expertise d'ingénieurs des eaux sont la surexploitation et la pollution des eaux de surface et souterraines, les mesures d'atténuation dans les milieux naturels hydriques, le renouvellement des infrastructures d'aqueducs et d'égouts, l'accroissement de la vulnérabilité aux sécheresses et aux inondations, l'optimisation de systèmes de traitement des eaux, la réglementation et la gestion des conflits liées à l'accès à la ressource, et les impacts des changements climatiques appréhendés.
Au Canada, plusieurs accidents dont celui de Walkerton et de North Battleford ont rappelé que l'eau pouvait être le vecteur de micro-organismes pathogènes causant des infections graves voire mortelles. Les inondations des dernières années (rivière Saguenay et Red River, par exemple) ont aussi rappelé que l'eau pouvait causer des dégâts matériels considérables. Les Québécois, tout comme l'ensemble des Canadiens, ont tiré un important avantage économique de l'accès facile à une eau salubre que leur confère un vaste territoire soumis à un climat tempéré. Mais, comme dans bien des endroits dans le monde, l'accroissement de la population, l'accélération de l'industrialisation, l'intensification de l'agriculture et de l'urbanisation, et maintenant les impacts appréhendés des changements climatiques, réduisent cet avantage historique. Tout cela provoque des changements importants dans la gestion de l'eau au Canada (nouvelles réglementations, programmes de subvention pour les infrastructures, besoins accrus en formation, etc.) qui vont se poursuivre pendant de nombreuses années compte tenu de l'ampleur des travaux à réaliser.
Au Québec, le Gouvernement a adopté en 2002 une Politique nationale de l'eau qui touche de nombreux aspects de la gestion de l'eau. La réalisation de ces engagements du Gouvernement québécois va nécessiter des ressources humaines qualifiées et des ressources matérielles. Compte tenu de l'ampleur de la tâche, cette réalisation risque d'être échelonnée sur de nombreuses années. Les ingénieurs des eaux pourraient jouer un rôle important dans l'application de toute cette politique. Leur vision globale devrait être un atout certain dans la mise en oeuvre et dans le suivi de la gestion par bassin versant.
Il faut également souligner que les prochaines années vont être marquées par un réinvestissement massif dans les infrastructures canadiennes et que les ingénieurs des eaux auront un rôle important à jouer dans ce vaste projet, aux côtés des ingénieurs civils et des autres ingénieurs. Un grand nombre de ces infrastructures sont directement liées à l'eau qui circule au sein de nos villes (traitement et distribution d'eau potable, collecte et traitement des eaux usées, collecte et rétention de l'eau de pluie), d'autres doivent être conçues en tenant compte de la circulation de l'eau sur le territoire (barrages, ponts, ponceaux et routes). Le patrimoine canadien en infrastructures est évalué à plus de 1,6 trillion de dollars et son entretien nécessite des investissements annuels de plus de 25 milliards de dollars chaque année. En moyenne, ces infrastructures on atteint 80% de leur vie utile, 59% des infrastructures canadiennes ayant plus de 50 ans et 28% ayant plus de 80 ans. Les ingénieurs des eaux seront sûrement largement impliqués dans la réhabilitation des réseaux d'eau et dans la gestion de l'eau sur le territoire (incluant la production hydroélectrique) qui collectivement touchent par bien des aspects la vie, l'eau et l'environnement.
Il ne fait aucun doute que la gestion de l'eau est un des enjeux importants du XXIe siècle aussi bien à l'échelle du Québec, du Canada que dans le reste du monde. L'eau est à la fois une ressource vitale et un milieu de vie pour de nombreuses espèces vivantes. Mais, de plus en plus souvent, l'eau n'est pas là où et quand on en a le plus besoin. Sa qualité est aussi de plus en plus souvent affectée, parfois gravement et parfois aussi durablement. À cet égard, les Nations Unies ont adopté des objectifs de développement pour le millénaire centrés sur la pauvreté, l'éducation et la santé et ont reconnu que ces objectifs ne pouvaient être atteints sans un accès approprié et équitable à certaines ressources, les plus importantes étant l'eau et l'énergie :
Au cours de sa formation, l'étudiant apprendra à :
Comme la gestion de l'eau implique une très grande diversité d'organismes publics et privés, les employeurs potentiels pour les ingénieurs des eaux sont nombreux. Du côté public, la gestion de l'eau relève de différents ministères provinciaux et fédéraux. Au Québec, les principaux ministères provinciaux sont le Ministère de l'Environnement, le Ministère des Affaires municipales, du Sport et du Loisir, le Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le Ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, le Ministère de la Sécurité publique du Québec. Au niveau fédéral, les principaux ministères et organismes impliqués dans la gestion de l'eau sont: Environnement Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada, Pêches et Océans Canada, Santé Canada, Infrastructure Canada, Affaires indiennes et du Nord Canada, Sécurité publique et Protection civile Canada, Agence canadienne d'évaluation environnementale, Agence canadienne de développement international, Centre de recherches pour le développement international. Les ingénieurs municipaux sont aussi impliqués directement dans de nombreux dossiers en ingénierie des eaux (hydraulique urbaine, traitements, drainage urbain, etc.). Hydro-Québec, un organisme parapublic majeur au Québec, emploie aussi une grande diversité de spécialistes de l'eau tant pour les aspects hydrauliques que pour les aspects environnementaux.
Du côté privé, les fournisseurs de services (génie conseil et autres) sont très impliqués dans différents aspects de l'ingénierie des eaux (évaluation, conception, gestion et parfois opération) aussi bien au Québec, au Canada qu'à l'étranger. Les fournisseurs d'équipements emploient aussi des ingénieurs que ce soit pour du développement, de la conception ou dans le secteur technico-commercial. En dehors de l'industrie de l'environnement, de nombreuses compagnies emploient des ingénieurs pour s'occuper des problèmes d'approvisionnement, de gestion et de traitement de l'eau, mais aussi pour répondre à diverses problématiques environnementales propres à leur entreprise.
Afin d'estimer plus spécifiquement quels seraient les débouchés sur le marché du travail pour des ingénieurs des eaux et aussi pour faire ressortir les avantages d'une formation dans le génie des eaux, des rencontres et des discussions ont été organisées, en petit groupe ou individuellement, avec des professionnels d'expérience (ingénieurs et non ingénieurs) qui sont très actifs dans le domaine de l'eau et de l'environnement et qui sont en position d'employer de jeunes ingénieurs. Pour préparer les discussions, un questionnaire a été élaboré et envoyé à une trentaine de personnes qui ont participé à ce processus de consultation. Les conclusions qui ressortent de cette consultation sont :
Dans l'ensemble, les participants montrent beaucoup d'intérêt et d'enthousiasme pour le nouveau baccalauréat en génie des eaux. Ils indiquent qu'ils seraient prêts à engager des finissants en génie des eaux de même qu'à offrir des stages à des étudiants en cours de scolarité.
L'approche globale des problèmes d'eau et d'environnement est devenue incontournable pour la plupart des participants consultés. Cette approche est un élément important de la formation en génie des eaux qui est proposée en particulier par les connaissances qui seront acquises dans des domaines connexes à l'ingénierie et par le souci d'intégrer des connaissances dans certains cours. D'après les participants, cet aspect est très important pour l'accès rapide à un bon emploi dans le domaine de l'eau et de l'environnement.
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Le Centre des stages de la Faculté des sciences et de génie en collaboration avec le Service de placement de l'Université Laval et le Département de génie civil excelle dans la recherche de stages de qualité auprès d'employeurs sérieux et désireux d'accueillir des ingénieurs en formation. Ces employeurs (bureaux d'ingénieurs-conseils, municipalités, ministères, organismes para-publics, etc.) exercent dans toutes les sous-disciplines du génie des eaux.
Afin de se prévaloir d'un stage, l'étudiant(e) doit satisfaire à des exigences générales et aux conditions spécifiques du programme de génie des eaux qui prévoit notamment la réalisation obligatoire d'un stage avant de diplômer.
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